On m'a fait une réflexion intéressante sur le Reddit anglophone, au sujet de la souffrance des animaux sauvages.
C'était à propos d'une vidéo d'un bateau de pêche vu de dessus, où plein de pêcheurs à la ligne attrapaient un max de poissons (des thons, petits donc jeunes). Les commentaires étaient plutôt admiratifs de la prouesse des pêcheurs, j'ai lu des "ha voilà ça c'est bien, pas comme les filets de pêche" etc. Alors comme d'hab et c'est mon vice, j'ai fait le vegan chiant et du virtue signaling (je vous rassure, je m'autorise ça pas souvent et qu'avec les parfaits inconnus sur internet).
Donc j'ai répondu à 2-3 posts avec des trucs du genre "bon ok c'est pas le pire qui se fait mais ça reste horrible, on les voit suffoquer sur le pont pendant longtemps, les poissons peuvent souffrir etc."
J'ai eu évidemment une avalanche de pouce:baisser et les traditionnels commentaires nuls avec des arguments pétés (la Vie, la Mort, blabla tout ce qui implique de mettre des majuscules à des noms communs pour cacher la misère philosophique sous le tapis). Mais dans le tas, on m'a dit (en gros) :
"Ces poissons mangent d'autres poissons, et se feront manger eux aussi. C'est un résultat "net zéro" en terme de souffrance"
Et j'avoue que dans ce cas précis, cela me semble vrai et donc un bon contre-argument au mien. Le thon pêché aurait causé de la souffrance, et en aurait subi lui-même. Qu'est-ce que l'humain change ici au juste ?
Alors on est d'accord, la situation est ultra spécifique. On parle d'humains chassant des animaux sauvages en partant déjà du principe que l'animal tué souffre pareillement que ce soit de la main de l'humain ou d'un prédateur naturel (mais ça, ça semble plausible). Et que cet animal est un prédateur autant qu'une proie (ce qui sera pas le cas des cerfs et autres lapins - bon les sangliers, à part ptet béqueter une souris 2 fois dans l'année s'ils en ont les moyens... Par contre, question ouverte sur les renards, blaireaux etc.).
Evidemment, ce contre argument s'attaque uniquement au volet spécifique "souffrance pour l'animal tué" et ne résout pas les autres soucis :
- Que la prédation humaine s'ajoute à la prédation existante, déséquilibrant les milieux naturels donc créant des problèmes plus tard (je schématise mais si c'est l'humain qui prend le thon destiné au requin, que va manger le requin ?)
- Que cela alimente le symbole qu'il est normal / acceptable qu'un humain tue une personne non-humaine, de sang froid, sans avoir la moindre once d'empathie (les poissons n'étaient même pas achevés sur le pont du bateau). Mon idée sous-jacente c'est qu'il me semble impossible d'accéder à une société parfaitement pacifiste et bienveillante si l'on continue de voir des actes aussi durs et violents. Un argument que certains avancent souvent pour défendre le véganisme c'est "si les gens veulent manger de la viande, ils devraient commencer par tuer eux-mêmes l'animal" et j'avoue qu'on verrait là une belle chute dans les ventes.
- Que cette activité de pêche nécessite du matériel, du carburant, des humains, du temps, de l'énergie qui devrait être consacrée à autre chose de plus profitable pour la planète.
Tout ça pour dire que j'ai pas l'esprit fermé sur l'animalisme, si on me donne une remarque intéressante je la prends.
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