[RPG-MAKER.FR] Oniromancie: tout l'univers de RPG Maker en français

Alors euh, ça va surement être un poil destructuré. Il y a pas mal de choses à dire.

Déjà faut partir du principe que c'est pas un film classique, mais plutôt une mini-série de quatre heures avec les épisodes mis bout à bout. Le film est découpé en chapitre, et chaque chapitre (voir morceaux d'un chapitre) a une ambiance, un montage et une compo différente. Il se passe BEAUCOUP de choses. On passe de drame familial à film punk gore à critique acerbe de la société japonaise et de ces mœurs.

Le jeu d'acteur est plutôt ok dans l'ensemble. Quelques couacs, des chorégraphies assez moyennes, mais les acteurs principaux portent le game. Les personnages ont beaucoup d'évolution au fil de l'histoire, en bien ou en mal.

J'ai été surpris par certains développements de l'histoire. C'est assez étrange, à la fois ça prend son temps et à la fois le film prend des détours, fais des virages, des drifts serrés dans une autre direction et ça accélère très vite avant de foncer dans le platane. Je m'attendais à ce que le délire autour de Sasori (la femme scorpion) durent plus longtemps, mais au final ça part rapidement sur les tourmentes d'Aya, qui prennent de sacrées proportions. De même, le film prend un tournant assez sombre et glauque sur la fin. Je m'apprêtais presque à voir une mauvaise fin vu où ça allait (quoique cela en est quand même une selon comment on le voit).

L'écriture du film regorge de moments forts qui m'ont pris de court. Des fois j'ai beaucoup rigolé, des fois j'étais en mode "comment les personnages font pour être aussi stupides ??", vers la fin j'étais stupéfait par la tournure des événements. Pour sûr le film m'a fait ressentir des choses ! On voit que le scénariste avait des choses à dire, le film était très imagés (certaines risques de heurter les spectateurs sensibles), avec beaucoup de messages, d'allégories. Ça parle de porter sa croix après avoir commis des pêchers, l'importance d'aimer les autres et soi-même même quand on est un weirdo. Les erreurs des parents et leur mauvais traitement de leur progéniture qui provoquent chez ces derniers des dégâts irrémédiables. La place de la religion (ou du culte en général, avec Yoko qui aime et admire Sasori), qui n'est pas nécessairement montrée comme mauvaise, plus comme un outil qui peut servir à la paix de l'âme mais aussi être utilisé pour corrompre les brebis égarés. Vu que c'est un film japonais qui parle de secte, on a bien sûr un tacle bien senti à ces fausses églises (d'ailleurs j'ai trouvé intéressant de remettre en contexte le film en comparaison de certains faits divers nippons récents, comme l'assassinat de Shinzo Abe en Juillet dernier).

Le film est pas exempt de défaut. Je trouve que le personnage du prêtre et de la mère adoptive de Yoko sont poussés vers la sortie et qu'ils leur manque une vraie conclusion, ou en tout cas autre que "ils se déconditionnent du culte et vécurent heureux, dépouillés de leurs pêchers. Yu qui bascule dans la folie, la transition est faite de manière assez brutale. Encore une fois ça vient pas de n'importe où: la personne qui l'aime essaye de l'étrangler et Aya brise son seul lien avec son lui du passé, de l'enfance, et il se perd suite à toute ses transformations au fil du film. Avec cette scène, on a un petit côté "Bateau de Thésée" assez intéressant, mais j'aurais aimé que ça aille un peu plus profond. Aya qui se suicide après avoir accompli sa mission (briser Yu et devenir comme son père, son modèle d'humain avec une âme et ainsi, obtenir en une comme son père l'avait voulu pour elle), j'ai trouvé ça un peu facile aussi mais soit. Enfin, le GROS changement de caractère de Yoko après la première discussion au téléphone avec Sasori m'a semblé un peu bizarre, même si ENCORE UNE FOIS ça s'explique par son état d'adoration totale.

Globalement très bonne expérience, un peu long pendant certains passages à vide mais la structure et l'intrigue m'ont gardé accroché tout du long.