Problem omenides ? | Oui mais je veux pas que le premier post fasse trois mètres de long alors je préfère poster les textes dans d'autres posts.
Quoi qu'il en soit, voilà le début du Journal de voyage de Joe Duncan :
Journal de voyage de Joe Duncan
Préface
Mon nom est Johnatan Duncan. Je suis un survivant. J'ai passé les trente-cinq premières années de ma vie comme mécanicien à Moscou, en Russie. Je ne suis pas russe, mais mon père l'était. Il m'a conduit là bas quand ma mère est morte.
C'était une vie normale, je n'était pas crésus mais mon salaire me permettait largement de vivre décemment. Je pensais que rien n'allait changer, que ça allait rester comme ça jusqu'à ma mort et cette idée me plaisait. Mais l'Apocalypse est arrivée. Ce que j'appelle l'Apocalypse est la destruction de l'humanité à son apogée : car tout empire se finit par un désastre au point culminant de son existence, et la race humaine n'a pas dérogé à la règle. Le dérèglement climatique est bel et bien une réalité, mais il se trouve qu'il est arrivé bien plus vite que ce que j'aurais pensé. Il semble que j'ai eu de la chance, car je fait partie des rares personnes à avoir survécu à ce désastre. J'écrirais donc régulièrement dans ce journal. Sachez qu'une fois ce journal remplit, je le jetterais sûrement quelque part où quelqu'un pourra le trouver et le lire. Si vous lisez ça, sachez que j'en suis très heureux, car cela vous donnera une vision de l'Apocalypse, à laquelle vous avez sans aucun doute échappé.
Sachez par ailleurs que cette préface, ainsi que l'entrée ci dessous ont été écrites bien après la catastrophe, mais je ne vous dit pas dans quelles circonstances, ce sera à vous de le trouver en lisant ce journal.
Je suis Joe Duncan, et voici mon Journal de Voyage.
4 Décembre 2012 – l'Apocalypse
C'était une journée normale. Du moins, je pensais que c'était le cas. Moscou avait connu une croissance fulgurante et en quelques années, la capitale d'un pays communiste et dictatorial était devenue la capitale d'un pays capitaliste où il faisait bon vivre. Ce changement radical était venu d'un soulèvement de pauvres qui, de fil en aiguille, devint une véritable révolution. Le communisme fut retourné et le capitalisme instauré. A vrai dire, c'était un peu passer d'une extrême à une autre, mais ça plaisait au gens de vivre à l'américaine.
Cette expression était souvent utilisée par mon père, russe de naissance qui a rencontré ma mère en France. Ils se sont marié et je suis le fruit de leur amour. Puis ma mère est morte. Quelques jours après les obsèques nous déménagèrent pour Moscou, où je fut témoin de la Nouvelle Révolution, comme l'appellent les historiens.
Revenons à ce fameux jour de décembre. L'hiver russe s'était abattu sur la ville et je rentrais de mon travail, non mécontent d'avoir fini ma journée. L'impensable débuta alors : je sentit une douleur à mon œil droit, et je compris rapidement que c'était un grain de sable qui m'était rentré dans l'œil. Un grain de sable au milieu de Moscou, qui plus est avec la neige qui tombait. Ce véritable signe providentiel provoqua en moi une intuition, qui me poussa à me presser jusqu'à mon appartement. Les hurlements commencèrent, le gens se mirent à courir. Un type passa à coté de moi et hurla des mots que je retiendrait toute ma vie, car ce furent les dernières paroles que j'entendis de qui que ce soit avant l'Apocalypse : "Tempête de sable ! Il y a une tempête de sable !". Je vit peu après la raison de sa fuite : il y avait effectivement une gigantesque vague de sable qui s'approchait. Je n'en croyais pas mes yeux. Je fit alors ce que tout le monde eut l'idée de faire : je courut. Non, je fuit plus exactement. Un autre signe de la chance apparut alors que je courais : un homme me poussa pour passer, et je trébuchai dans un trou. Le sable boucha le trou aussi rapidement que ma chute. Je retint ma respiration, doutant cependant que je put me sortir un jour de ce trou à rat. Même si le sable avait rempli tout le trou, je put tout de même entendre ce qui se passait à l'extérieur : les hurlement avaient l'air de murmures lointains, mais étaient pourtant si proches. J'avais froid et je commençais à étouffer. Je ne sais pas combien de temps j'ai pu rester là dessous, mais au bout d'un moment, sans doute assez rapidement après que la tempête soit arrivée, je me souviens avoir eu soudainement chaud. Un vent chaud balayait maintenant Moscou. Ce même vent balaya une grande partie du sable me recouvrant, me permettant ainsi de me dégager. Je remarquai que le trou se remplissait d'eau. En sortant, je comprit pourquoi : le vent chaud avait fait fondre la glace et l'eau dégoulinait de partout avant de s'évacuer par les bouches d'égout. Moscou était devenu un désert aride et inhospitalier.
Mon premier réflexe fut de retourner chez moi. Les vitres avaient explosé à cause du choc thermique et ma porte avait été enfoncée par un pillard, que j'ai retrouvé mort quelques mètres plus loin. Je ne put rien sauver. Tout avait été recouvert par le sable et je ne put récupérer qu'une chemise, un vieux pantalon cargo et une paire de chaussures de randonnées, sans oublier une sacoche et le journal sur lequel j'écris.
J'ai ensuite trouvé une voiture, un 4x4 qui avait survécu à la catastrophe. Je le remit en état de marche en enlevant le sable du moteur, puis, après avoir vite vérifié qu'il y avait des survivants, et après avoir goûté à l'amertume de la solitude, je mit le moteur en marche et partit de la ville. Je n'avais plus rien à y faire.
5 Décembre 2012 – le survivant
J'ai roulé encore et encore, sans aucun but. J'ai réfléchi sur ce qui était arrivé, et je me suis posé beaucoup de questions. Je m'en pose toujours, peut être trouverais-je un jour les réponses. Mais ça m'étonnerait, je serais mort avant.
J'ai constaté avec amertume que ce que je prenais pour un sinistre local était bien pire que ça. Tout d'abord je n'ai vu aucun autre survivant tout au long de la route. Aucun hélicoptère de sauvetage non plus. Quant aux radios, plus rien n'émet. J'ai l'impression d'être comme dans un cauchemar, où je serais le seul être vivant sur terre.
Je suis finalement tombé en panne sèche : la voiture avait peu d'essence dans le réservoir, j'aurais dû vérifier avant, mais le choc de la catastrophe m'a fait perdre mes moyens. Je me retrouve donc perdu au milieu d'une autoroute craquelée et poussiéreuse, entourée d'un désert aussi profond qu'étonnant. Je me croirais presque au Sahara, mais non, je suis bien au beau milieu de la Russie.
Je verrais bien si je m'en sort. A partir d'aujourd'hui, je vit au jour le jour et ce journal est la seule chose qu'il me reste du passé. Je verrais à écrire une préface, si je m'en sort, ou tout du moins si je complète le journal.
8 Décembre 2012 - le sauveur
Je n'ai pas écrit depuis trois jours. Après avoir conduit, j'ai marché. J'ai cru que mon imagination me jouait des tours quand j'ai entendu le vrombissement d'un moteur qui s'approchait, j'ai donc ignoré le bruit qui s'intensifiait. C'est l'aboiement du klaxon qui me força à me retourner. Un grand type brun sortit du camion et me serra dans ses bras. J'aurais voulu le pousser mais je n'en avais pas la force. Il ne me lâcha pas pendant une bonne minute, et il pleurait en débitant des prières en ukrainien. J'eus peur de ne pas le comprendre, mais il parlait également russe. Il m'invita à monter avec lui dans le camion. Il affirmait qu'il possédait un yacht. Je n'ai pas cherché à nier, même si ça m'étonnais un peu qu'un routier ait un bateau aussi luxueux. Sur la route, je comprit un peu mieux : c'était un milliardaire du nom de Boris Bellistok. Il était à Paris, et quand il a vu des tornades déferler sur la capitale, il a préféré mettre les voiles. "La Russie a été la dernière partie du monde à avoir été touchée par cette gigantesque catastrophe naturelle. D'abord l'Australie, puis l'Asie, ensuite l'Afrique et l'Amérique du sud et finalement l'Amérique du nord et l'Europe de l'ouest. Il semble que le froid des régions telles que la Russie ou le Canada les ait momentanément protégé, mais ces parties là du globe ont finit par être détruites elles aussi.", m'a t-il dit, si ma mémoire est bonne. Il disait savoir ça des infos télévisées, et il a prit le premier avion pour la Russie dès que l'Amérique du nord fut victime du sinistre. Alors que l'avion était en vol, la catastrophe avait déjà touché Paris et était en train de s'abattre sur la Russie. quand il arriva, tout était détruit. J'ai eu un instant l'espoir que les personnes dans le même cas que lui, qui avaient prit l'avion à ce moment là, avaient pu s'en sortir, mais il m'affirma ensuite que les moteurs de son Jet privé explosa à cause des oiseaux affolés qui s'engouffraient dans les turbines, et que par prudence, il avait réclamé la présence d'un parachute dans l'avion, et ce depuis qu'il l'a acheté. Après s'être félicité de cette idée, il chercha un moyen de transport et le plus proche fut le camion dans lequel je me tenais à ce moment là. Nous arrivâmes assez rapidement à la côte. Le yacht était caché sous une bâche gigantesque à toute épreuve. Après l'avoir aidé à détacher les attaches et après avoir enlevé la bâche (étant donné sa taille, ça nous a prit beaucoup de temps). Nous prîmes finalement la mer. Il m'affirma que sortir de Russie par un quelconque autre moyen était impossible, si ce n'était par voie aérienne. Après avoir mangé, il m'a invité à aller me coucher. Je suis actuellement dans une chambre, en train d'écrire dans ce journal. J'ai oublié de lui demander où nous allions, mais je pense que nous allons en Europe de l'est. Sans doute dans les pays du nord, nous verrons bien.
10 Décembre 2012 – les décombres
Durant le voyage, j'ai appris que nous étions parti d'Arkhangels et que notre destination devait être la Suède, puis que nous devions ensuite rejoindre ce qui restait de la suisse. Je n'ai pas cherché à savoir pourquoi.
Le voyage s'est fait sans encombre, vu l'état de la situation je m'attendais à croiser un maelström ou quelques icebergs.
Nous arrivâmes en Suède assez rapidement, c'est à dire en moins d'une journée. C'était aussi détruit et silencieux que Moscou, mais l'atmosphère n'était pas la même. Contrairement à la capitale de la Russie, le climat était ici assez froid, mais tout était en ruines. Un gigantesque tas de gravats où se mélangeait gris et rouge sang. Les cadavres jonchaient les rues détruites, et je ne pouvais imaginer l'état des gens restés coincé sous les décombres. Tandis que nous avancions dans ce qui restait de la ville, un vent violent se mit à souffler. C'était un vent froid qui fouettait nos côtes et gelait nos doigts. De la poussière commença à tomber des murs encore debout, et des briques se mirent à tomber. Boris fut assommé par l'une d'elles, et je voulut le sortir de là. Il saignait beaucoup et était dans les pommes, j'eus l'impression qu'il pesait une tonne et je ne put le sortir à temps. Un mur à coté de lui se mit à trembler, puis croula. j'eus le temps de me dégager, laissant Boris à son triste sort. Le bruit effroyable des os broyés et de la chair compressée résonna dans mes oreilles et me hantera pendant longtemps. Après avoir fouillé les décombres et trouvé une vieille tente, je reprit la route alors que la nature finissais son travail. Le fracas des briques semblait suivre mes pas, et je refusais de me retourner, marchant tout droit sans réfléchir.
Quand la fin se fit sentir et que l'air frais du soir arriva, je décidai de poser ma tente, la fixant au sol à l'aide quelques briques et pierres. Je suis toujours dedans, et il doit être vingt heures du soir (ma montre a cessé de fonctionner). Mon estomac crie famine mais je n'ai rien à lui donner. Je crains que je vais devoir m'habituer à cette sensation.
15 Décembre 2012 – les marques
Ça fait 5 jours que je suis seul. Désespérément seul. Je n'ai vu aucune trace d''autres êtres humains sur toute la route que j'ai parcouru à pied. J'ai de moins en moins de conviction quant à mes chances de trouver quelqu'un d'autre sur ce qui reste du monde humain. J'ai été étonné par la vitesse à laquelle la nature a reprit ses droits. La race humaine a disparue et les animaux ont déjà investi les ruines de ce qui était autrefois des villes prospères. Je put me poser quelques instants sur une colline et y gribouiller un croquis des ruines se dressant au loin.
Quand la faim prit le dessus sur le reste, je décidai d'aller dans la ville, dans l'espoir de trouver quelque chose à manger. Quelques lapins couraient entre les ruines et un cerf trônait sur les plus haut décombres. Le vent était contraire et le cerf n'avait donc pas remarqué ma présence. Je prit une brique et la lançai de toute mes forces sur le cerf. Il se prit la brique en pleine tête et trébucha. Quand il commença à se relever je me jetai sur lui et le plaquai au sol, avant de l'achever d'un coup sur la tête, avec un gros caillou qui trainait.
Après avoir essayé en vain de faire du feu, je décidai de manger la viande crue. Ce n'était pas mauvais, mais très dur comparé à ce que j'avais l'habitude de manger. Je laissai la dépouille là et repartit après avoir replié ma tente.
J'ai fait quelques kilomètres puis je me suis arrêté à nouveau. J'ai cette fois réussi à faire du feu, je vais donc pouvoir passer la nuit au chaud.
Le croquis que j'ai fait est joint à cette page.
31 Décembre 2012 – Le reveillon
Je n'ai pas écrit quoi que ce soit depuis 15 jours, rien que ça. Je n'ai même pas vu noel passer. La veille, un type a courut vers moi en appelant à l'aide, la tête en sang. Il a trébuché sur des débris et s'est fracassé le crâne sur un tas de briques. C'était dégoutant. Il avait une montre en état de marche et un tournevis, j'ai prit ces trucs sans chercher à comprendre la raison de son affolement.
C'est notamment pour ça que j'ai décidé d'écrire aujourd'hui, si je n'avais pas eu cette montre, je n'aurais pas su la date, et je n'aurais sans doute pas écrit dans ce journal.
Quoi qu'il en soit, ces dernières journées ont été assez chargées en évènements. J'ai croisé un autre groupe de pillards qui voyageaient à pied. Ils étaient 3, et l'un d'eux a décidé de me prendre avec eux. Je n'étais pas vraiment pour, mais ça m'a éviter de crever.
On est ensuite allé dans une ville voisine, le trajet a été long mais nos efforts ont été récompensés. Une station service encore debout était là, mais quelqu'un y siégeait toujours. Et il n'a pas apprécié que des pillards tentent de voler ses affaires. Il avait un fusil de chasse et la chevrotine a eu raison d'un de mes compagnons d'infortune. Le deuxième a fui et le dernier s'est prit une décharge en plein ventre. Il a néanmoins pu tuer le type de la station service avec une arme de poing.
Je me suis donc retrouvé seul, encore une fois. Mais ça avait eu du bon : j'étais maintenant armé et ravitaillé. Malgré la relative sureté des lieux, j'ai préféré continuer de voyager. D'autres pillards auraient fini par me tuer.
J'ai donc marché, passant de villes en villes, traversant des campagnes où il faisait étonnement froid. J'ai pu constater que si la Russie était devenue un désert, le reste de l'Europe semblait avoir été particulièrement rafraichie par une vague de vent froid. Et si le pays où j'étais semblait encore chaud, à cause du nouveau désert Russe créé juste à coté, je n'imagine même pas l'état de l'Europe de l'ouest. Peut être le saurais-je un jour, si je marche assez vite.
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Euh... j'irais pas jusque là quand même...
