Roi of the Suisse - posté le 25/04/2024 à 15:44:51. (29824 messages postés) -
Le 3) est un peu bidon. Une contradiction avec l'égoïsme n'invalide pas une morale. Des morales différentes arrivent parfois à des conclusions contradictoires, c'est normal. En théorie, en tant que bon utilitariste, il faudrait donner une part significative de nos ressources aux plus démunis de la planète.
Sauf si on raisonne de façon un peu tordue : j'envoie de la nourriture en Afrique, du coup la population augmente, mais le jour où je ne suis plus là pour leur envoyer de la nourriture, il y a 100 personnes tristes au lieu d'une seule (si je n'avais rien fait).
Aujourd'hui l'Afrique importe sa nourriture auprès des autres continents, mais quand les sécheresses se multiplieront, les autres continents vont avoir leurs rendements très impactés et vont probablement choisir de garder la production agricole en priorité pour eux, provoquant des famines terribles en Afrique, dont on a augmenté la population de façon assez artificielle alors que le continent ne peut pas subvenir à ses propres besoins. Ça va être catastrophique. Ça va être durant ce 21e siècle. A-t-on bien fait de leur envoyer de la nourriture dans un premier temps ? Question tordue. On rejoint le point 1) sur l'imprévisibilité.
Créa a dit:
Pour l’exemple du chocolat, je comprends assez. Je me demande juste comment l’appliquer dans le contexte de l’exercice que j’ai à faire.
Oublie ma remarque sur le coût marginal, ça me passait par la tête, alors je l'ai dit, c'est tout.
Créa a dit:
Je comprends ton explication de l’addition, c’est limpide. Mais le sentiment de plaisir, c’est dans le même “espace vectoriel” non? Ça serait quoi deux plaisirs qui sont “différent”? Même chose pour la souffrance, non?
On englobe des choses très différentes sous le mot "plaisir", pourtant, le texte le dit très bien, il existe des plaisirs de natures très très variées. Biologiquement, tous ces plaisirs ne correspondent même pas toujours aux mêmes molécules (hormones, neurotransmetteur...)/organes/zones du cerveau. Comment additionner des molécules de dopamine avec des molécules d'endorphine, avec des molécules de noradrenaline, avec des molécules d'ocytocine ? C'est comme additionner des patates et des tabourets finalement. Regrouper toutes ces choses sous un même mot "plaisir" est un choix très arbitraire, car la langue est arbitraire/simplificatrice.
Doude parle même de "positif", un chapeau encore plus grand pour regrouper encore plus de réalités variées. Pourtant il est bien au courant des pièges essentialistes et des pièges de langage. Les mots/concepts ont des frontières arbitraires. Il ne faut jamais oublier la part d'arbitraire qui est tapie dans le langage. Le langage est un cheval de Troie. On croit souvent détenir une démonstration en béton, mais on a juste été trompé par une grammaire/une formulation.
Je ne dis pas que l'approche est une impasse pour autant : on pourrait faire des prises de sang au gens en leur donnant des chocolats, quantifier ces molécules, demander aux gens s'ils sont contents sur une échelle de 1 à 10, faire ça sur 3000 personnes, et on pourrait associer à une concentration pour chaque molécule une quantité de plaisir. C'est cette valeur qu'il faudrait additionner dans un calcul utilitariste. On aurait des abaques pour tout : donner un chocolat à un mec donne 14 points, lui marcher sur le pied lui fait perdre 7 points, etc. Mais on n'aura jamais tout dans nos abaques : on installe une éolienne dans un village de campagne, est-ce que ça fera plaisir aux gens ou pas ? Il faut faire des prises de sang dans 500 villages, 250 villages avec éoliennes et 250 villages sans éoliennes, et on compare. C'est du boulot.
Roi of the Suisse - posté le 25/04/2024 à 09:46:50. (29824 messages postés) -
Oui, les chiffres romains, ce sont les degrés de la gamme. En majuscule pour les degrés majeurs et en minuscule pour les degrés mineurs. En do majeur : I (do majeur) ii (ré mineur) iii (mi mineur) IV (fa majeur), V (sol majeur) vi (la mineur) VIIø (si diminué).
7 c'est pour une septième mineure ; Δ c'est pour une septième majeure.
G7 = sol si ré fa (dominante)
Gm7 = sol sib ré fa (mineur et septième mineure)
GΔ = sol si ré fa# (majeur et septième majeure)
bVII c'est le pseudo-degré situé juste avant le degré VII, donc sib en do majeur.
Attention, quand Anton dit 3 6 ou 4 6, c'est de la notation classique ("quarte et sixte" etc.) pour les renversements, ça n'a pas de lien avec la notation jazz. En notation jazz on écrira plutôt C/E = do majeur fondé en mi = mi sol do.
Roi of the Suisse - posté le 25/04/2024 à 09:27:47. (29824 messages postés) -
Le point 4) dit que pour additionner/comparer des plaisirs, il faut présupposer qu'ils sont tous dans un même espace vectoriel, or ça n'a rien d'évident. C'est au mieux un postulat. Ça révèle le caractère arbitraire de l'utilitarisme, comme tout système moral d'ailleurs. Si je te dis d'additionner 3 et 5 c'est facile, mais si je te dis d'additionner patate et tabouret, quel est le résultat ? L'utilitarisme requiert d'effectuer des opérations de cette nature.
Une autre façon de formuler le problème : admettons qu'on puisse attribuer à chaque plaisir une valeur dans un même espace vectoriel f(patate)=3 et f(tabouret)=5 alors f(patate)+f(tabouret)=3+5=8, ok, soit, mais est-ce qu'on n'a pas perdu des informations en appliquant f() à ces objets ? En remplaçant patate par 3 et tabouret par 8 ? Est-ce que l'addition/comparaison qui en découle porte toujours suffisamment d'information pour être utilisée dans un jugement ?
De plus, on ne sait même pas si la fonction f() existe, c'est encore un postulat, une chose qu'il nous faut admettre arbitrairement pour pouvoir construire l'utilitarisme.
Remarque personnelle : si f() existe, on pourrait naïvement penser que f(a+b)=f(a)+f(b), mais j'ai l'impression que pour des raisons de "coût marginal", f(a+b)≤f(a)+f(b), avec f(a) et f(b) positifs. Un exemple concret : si on donne à une personne 2 chocolats, on ne créera pas deux fois plus de bonheur sur Terre que si on donne à cette personne 1 chocolat. La personne gagnera moins de bonheur avec le deuxième chocolat qu'avec le premier, et encore moins avec le troisième. Plus on est heureux, plus il faut d'énergie pour nous rendre davantage heureux d'une même quantité. C'est la notion de coût marginal. Ce phénomène a été mesuré empiriquement. J'aime beaucoup le fait qu'une conséquence directe de cette propriété est qu'il vaut mieux distribuer les chocolats à des personnes différentes, c'est-à-dire réduire les inégalités pour maximiser le bonheur global. La morale utilitariste a beaucoup de conséquences gauchistes.
Dans les parages rôdent de nombreux utilitaristes inconstructifs, c'est-à-dire qu'ils se contentent de clamer que la fonction f() existe, mais jamais ils ne vont plus loin, et ne s'intéressent aux propriétés qu'on exigerait de cette fonction fondatrice. Alors que c'est un sujet passionnant.
Je pense qu'on a bel et bien f(a+b)=f(a)+f(b) lorsque les plaisirs a et b sont attribués à des personnes différentes/indépendantes.
Par contre la fonction devient un bordel monstre dès qu'on s'aperçoit qu'il y a des gens qui aiment plus le chocolat que d'autres.
Le point 5), je le trouve très étrange d'un point de vue logique, voire fautif. Il cherche à exclure certains plaisirs du calcul utilitariste sous prétexte... que ce ne sont pas des plaisirs moraux, alors que justement le but du projet utilitariste est de bâtir un système moral (qui une fois construit pourra nous renseigner sur la valeur morale d'un acte). J'ai l'impression qu'il y a un grave problème de chronologie dans le raisonnement de Mill (en tout cas d'après ce que l'auteur du texte nous résume). S'il est capable de dire - avant même de construire la morale utilitariste - si un acte est moral ou pas, ça veut dire qu'il a déjà une morale à disposition, donc pourquoi cherche-t-il construire la morale utilitariste ?
Aussi : reconnaitre qu'il existe une autre morale, antérieure à la morale utilitariste, revient fort probablement à engendrer des cas contradictoires, pour lesquels les deux morales (l'utilitarisme, et celle dont il dispose déjà) produisent des verdicts différents.
Pour ton exercice sur les ministres, le point 4) s'applique premièrement à chacun des 3 projets, parce qu'un projet aura divers avantages et inconvénients, qu'il faudra additionner, mais deuxièmement et surtout à l'ensemble des projets, car il faudra comparer les avantages et inconvénients des projets entre eux. L'exercice attend plutôt qu'on traite ce second point : faut-il privilégier le ministres des patates ou le ministre des tabourets ? Qu'est-ce qui est le mieux entre une patate et un tabouret ? A priori c'est difficile de trancher.
- un 251 pour tomber sur le degré 4, puis une backdoor (b7 1)
(iim7 V7 IΔ)/IV bVII7 IΔ
par exemple (en do) : Gm7 C7 FΔ Bb7 CΔ
- 251 en relative mineure, suivi d'un 5 de 5 (dominante secondaire) en relative majeure
par exemple (en do) : Bø E7 Am7 D7
Les fragments de ces suites d'accords comptent aussi : on peut avoir juste le début, juste la fin, ou juste le milieu.
On peut remplacer les dominantes par une substitution tritonique, ça compte aussi.
Roi of the Suisse - posté le 24/04/2024 à 09:23:42. (29824 messages postés) -
Arrêtez de triquiter mes miniatures !
Oui bon ça fait 7 semaines que je n'ai pas corrigé manuellement les miniatures et que mon algorithme choisit la partie la moins intéressante de l'image...
Roi of the Suisse - posté le 23/04/2024 à 09:30:28. (29824 messages postés) -
SunRayzer a dit:
je suis acheteur dans la vie.
Moi aussi ! Quelle coïncidence ! Je vais à Carrefour Market, et j'achète : des radis, des aubergines, des pommes, des chips, des ampoules...
Bienvenue !
Moi aussi je réalise un jeu avec des énigmes difficiles sous RPG Maker, si jamais tu veux voir ce qu'il est possible de faire avec ce logiciel / prendre de l'inspiration : https://www.rpg-maker.fr/jeux-602-kujira-no-hara.html Rholala, on va de coïncidence en coïncidence ! Tu es sûr que tu n'es pas moi ?
Roi of the Suisse - posté le 20/04/2024 à 23:23:14. (29824 messages postés) -
C’est bizarre de vouloir texturer le sol. En général, le sol est un aplat de couleur, et on pose deux trois cailloux ou deux trois brins d’herbe pour en indiquer la matière. La raison à ça, c’est la lisibilité. Texturer le sol, à part dans un intérieur (carrelage, parquet) c’est bizarre. Pour un bitume en plus, il n’y a pas besoin. C’est typiquement monochrome. Je verrais très bien un aplat avec deux trois endroits abîmés, mais pas plus.
Un sol en pixel art, ça ne doit pas être plus chargé que ça.
Je dis ça, mais tous les sols de mon jeu sont texturés. Bon c’est trop tard pour changer, c’est une erreur de jeunesse.
Attention à ne pas vouloir trop remplir, trop charger tes graphismes, Créa. On t’a déjà diagnostiqué la maladie baroque. Maintenant il faut commencer la cure
Si tu veux absolument texturer, alors pour une surface granuleuse tu peux essayer du dithering…
Si tu cherches de l’inspiration pour des textures urbaines, tu as peut-être tous ces jeux d’arcade en vue latérale où deux gogoles se bagarrent avec d’autres gogoles en avançant vers la droite.
C'est une théorie de la musique assez personnelle, que j'ai écrite après des demandes d'amis qui font de la MAO sans background musical, et qui font principalement de la techno/house/etc. L'idée est de proposer une théorie immédiatement utile à des gens qui n'ont pas pour objectif de pratiquer les musiques visées par la théorie traditionnelle de la musique (classique, jazz et variété). Pour la même raison, c'est aussi une théorie sans la moindre partition, avec à la place des visuels clavier. Enfin bref, j'explique tout ça dans la (trop) longue intro ! Et il manque le dernier chapitre, en cours d'écriture
C'est très chouette, les exemples sont très parlants. Le passage sur les mélodies émergentes est inspirant. Je connais bien le Canto Ostinato de Simeon ten Holt, mais je n'avais jamais mis de mots sur les phénomènes qui s'y produisaient.
Bon, j'avoue que quand tu as parlé d'une "théorie de la musique assez personnelle", je m'attendais à un système parallèle complètement nouveau et extraterrestre, mais en fait euh oh c'est juste la théorie de la musique habituelle... mais en bien vulgarisée
Roi of the Suisse - posté le 09/04/2024 à 09:24:01. (29824 messages postés) -
Bravo Ardonie ! C'est magnifique !
Je savais pertinemment que je n'avais aucune chance de vaincre les moulins à vent (y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes), je participe pour montrer ce que je fabrique en ce moment et pour faire vivre le concours
Roi of the Suisse - posté le 08/04/2024 à 11:30:14. (29824 messages postés) -
AzRa a dit:
Y a des gens qui ont déjà entendu ça ?
J'étais en train d'écouter une playlist d'Ernesto Cortazar en bossant et j'ai été interpelé par ce morceau là : je suis convaincu de l'avoir déjà entendu, mais avec des paroles, sauf que je l'ai sur le bout de la langue mais je ne retombe plus sur le nom.
C'est normal que tu aies entendu ça déjà mille fois. C'est une marche harmonique.
Tu vas encore l'entendre mille fois dans mille autres contextes.
Une marche harmonique, tu donnes ça à l'auditeur qui n'a pas envie de réfléchir, ça lui fait plaisir, il est en terrain connu, il est content. C'est comme donner de la téléréalité ou du Cyril Hanouna à un type qui rentre de l'usine épuisé. Oh moi aussi j'aime bien une petite marche harmonique ou un koh lanta de temps en temps. On a tous nos moments de faiblesse.
Roi of the Suisse - posté le 08/04/2024 à 09:27:40. (29824 messages postés) -
La France est en train de perdre tout son empire colonial en ce moment. On n'en parle pas trop, mais ça va avoir un gros impact sur l'économie. Par exemple, le Niger, c'est 10 millions de Français qui sont chauffés/éclairés avec l'uranium nigérien.
Le nombre de pays africains qui ont fait un coup d'état ces quelques dernières années pour retirer leur dictateur-pantin est énorme. Ça forme toute une bande allant de l'Atlantique à l'océan Indien.
Souvent on retrouve le groupe Wagner (Russie) qui aide/arme les révolutionnaires. C'est bien pour ces pays-là, parce que le nouveau président promet que les ressources du pays ne seront plus pillées par la France en échange de la défense par l'armée française du dictateur-pantin + quitter le système du franc CFA (qui nous permet d'acheter tout chez eux pour une bouchée de pain, en échange quand même d'une stabilité financière™ inégalée en Afrique (est-ce que ça vaut le coup ? C'est aux Africains d'en décider)). Mais ces nouveaux présidents putschistes vont-ils tenir leurs belles promesses de souveraineté ? On l'espère. L'impérialisme russe n'est pas forcément meilleur que l'impérialisme français.
Il y a les chinois aussi qui multiplient les partenariats en Afrique. Les Africains disent que quand ils donnent leurs ressources aux Chinois, ils obtiennent un hôpital, alors que quand ils donnent leurs ressources aux Français, ils obtiennent des belles paroles
Roi of the Suisse - posté le 05/04/2024 à 16:36:02. (29824 messages postés) -
Oh, je ne sais pas s'il y a vraiment des communistes ici...
On en trouvera quelques uns pour penser qu'il y a certains domaines (éducation, santé, justice, maisons de retraites...) que l'état ne peut pas sous-traiter aux entreprises privées, sinon elles seront fortement tentées de faire ça assez mal, car par définition juridique leur seul but est le profit, ce qui en fait des structures amorales, et donc potentiellement immorales, si elles ne sont pas bien encadrée par des lois/normes/institutions fortes. Et il y a danger si les entreprises privées, pour gratter un peu plus de profits, corrompent/envahissent l'état pour déréguler leurs activités, car dans ce cas cela se fait au détriment du bien-être de la population et du respect de l'environnement. C'est tout, pas plus. En général, on se contenterait bien d'un pouvoir de l'argent subordonné au pouvoir politique (et pas l'inverse, comme c'est malheureusement le cas actuellement).
Je ne sais pas si quelqu'un ici rêve d'une absence totale d'entreprises privées, d'un état qui gère toute la production de A à Z, y compris les canettes de soda. Est-ce que c'est le rôle de l'état de fabriquer les cannettes de soda ? Un vrai communiste, communiste jusqu'aux os, répondrait "oui", sans hésiter. Pour ma part, cette question m'emplit de doutes et de questionnements enchevêtrés.